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Avenir des élus scolaires



« La démocratie scolaire serait-elle devenue un luxe ? » C’est là l’une des questions que se posent le président de la Commission scolaire des Chênes, M. Jean-François Houle, et ses collègues commissaires. En conférence de presse, M. Houle a répliqué aux dernières sorties du ministre de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, M. François Blais, notamment au sujet du sort qu’il semble réserver aux élus scolaires.

« Si l’on en croit le Ministre, notre société n’aurait plus les moyens de dépenser 20 millions $ à tous les 4 ans, pour maintenir la démocratie scolaire.  On parle d’environ 2,50 $ par individu sur quatre ans.  Il est vrai que les électeurs ne se bousculent pas aux portes des bureaux de  scrutin. L’explication de ce phénomène est simple : nos différents gouvernements, sous la pression d’une partie de la population souvent victime de désinformation, s’affairent, depuis plusieurs années, à décourager la population à exercer son droit de vote en diminuant les enjeux locaux, » clame d’entrée de jeu le président.

Monsieur Houle rappelle qu’un élu scolaire est redevable de son administration devant la population en général. L’élu est dévoué à sa fonction. C’est une personne de proximité à qui les citoyens peuvent parler facilement. L’élu se spécialise dans le domaine de l’éducation et permet une meilleure participation citoyenne dans les décisions qui concernent les élèves, leurs parents et les employeurs de la région.

PAS D’ÉCONOMIES À FAIRE

Le président affirme qu’à la Commission scolaire des Chênes, les salaires et dépenses du conseil des commissaires atteignent globalement la somme de 250 000 $, soit 0,16 % de tout le budget de la commission scolaire.  « On aura beau prétendre que l’abolition des élus entraînera une annulation de cette dépense, mais elle en a créera d’autres : frais de fonctionnement d’un conseil d’administration et augmentation de la rémunération de la direction générale qui se retrouverait avec des responsabilités plus grandes. Au chapitre financier, il n’y a vraiment pas suffisamment d’avantages en perspective pour retirer aux citoyens le droit d’élire leurs dirigeants scolaires, » d’arguer Jean-François Houle.

CONSEIL D’ADMINISTRATION OU CONSEIL D’ÉLUS ?

Selon le président, la nomination d’un conseil d’administration pour remplacer un conseil d’élus, tel que semble le prôner le Ministre,  n’empêchera pas les enseignants d’enseigner et les élèves de se scolariser. C’est clair.
 
Toutefois, chaque élu scolaire qui siège ou a déjà siégé sur un conseil d’administration le dira : un élu est imputable auprès de la population, contrairement à un membre de conseil d’administration.

« Chez-nous, l’une des grandes richesses de notre démocratie scolaire est sans aucun doute l’absence totale de partisannerie ou d’à priori politique. Chacun des dossiers est étudié au mérite. L’allié d’un commissaire sur une question pourra être son opposant dans le dossier suivant.  C’est la beauté de la chose.  Cette situation amène souvent des compromis pour tenter de rallier tout le monde. Cette politique de collaboration est 100 fois plus satisfaisante et constructive que celle d’opposition qui se vit à l’Assemblée nationale », fait valoir M. Houle.

Selon ce dernier, la lutte des élus ne peut surtout pas être vue comme celle de gens qui ont des « jobs à sauver ». À des Chênes, la quasi-totalité des élus scolaires occupe déjà un emploi rémunérateur qui constitue leur gagne-pain principal.  « Les salaires qu’ils reçoivent pour les services publics qu’ils rendent ne sont que symboliques, surtout en ce qui a trait aux commissaires. Ils ne jouissent d’aucun avantage indirect comme des comptes de dépenses ou autres choses du genre.  Qui plus est, ils se sont présentés devant l’électorat dans un contexte politique qui ne leur donnait pas bonne presse au départ. S’ils se battent, ce n’est que pour des valeurs de démocratie et d’engagement social », clame M. Houle

LES GOUVERNEMENTS EN PARTIE RESPONSABLES


S’il n’en tient qu’au président, les gouvernements qui se sont succédé, depuis 7 ans, sont en bonne partie responsables de la précarité de la démocratie scolaire. Cela ne veut pas dire que certaines critiques adressées aux commissions scolaires ne sont pas fondées. « Cela dit,  envisagerions-nous l’abolition des élections municipales parce que certaines administrations locales ont commis des erreurs? », se questionne le président.

Selon M. Houle, on a infantilisé la structure. On a sciemment éloigné l’électeur de l’urne scolaire. On l’a fait pour s’accaparer et centraliser le pouvoir en éducation.  Le ministère de l’Éducation ne veut plus s’enfarger dans les pouvoirs locaux en éducation pour faire sa loi. C’est une constante de ce gouvernement qui met la hache dans les organismes de représentation et de concertation régionaux.

« Le gouvernement ne veut plus d’élus scolaires qui viennent contredire son discours des cinq dernières années voulant que la baisse du financement et les coupures en éducation peuvent se faire sans toucher aux services à l’élève, » affirme M. Houle.

Par cette sortie publique, le président de la commission scolaire  et le conseil des commissaires, de concert avec la Fédération des commissions scolaires du Québec, tentent une dernière fois de sensibiliser la population à l’importance du maintien de la démocratie scolaire.  « S’ils échouent, ce ne sera pas sans s’être fièrement battus pour ce grand principe », conclut Jean-François Houle.

Le président et ses collègues étudient présentement la mise en place de différents moyens pour sensibiliser la population à leur position. Ils feront connaître leurs intentions sous peu à cet égard, une fois qu’ils connaîtront le plan d’action de la Fédération des commissions scolaires.



Crédit-photo : Ghyslain Bergeron – TC Média