Amélioration du taux de réussite vs abolition des commissions scolaires
Le président de la Commission scolaire des Chênes, M. Jean-François Houle, a réagi au rapport de l’Institut économique de Montréal (IEDM), dont un quotidien montréalais a récemment repris les grandes lignes. Selon l’IEDM, l’amélioration du taux de réussite des élèves passerait par l’abolition des commissions scolaires, puisque les écoles sont les mieux placées pour connaître les besoins des enfants. Or, M. Houle conteste le contenu de l’analyse faite par l’IEDM.
Pour le président, certaines affirmations découlant du rapport ne résistent pas à l’analyse. En outre, l’IEDM est d’avis que le fait, pour un parent, de pouvoir choisir l’école de son enfant, constituerait un plus (+) pour la réussite de l’élève. « Pourtant, il est connu qu’au primaire, le parent favorise la proximité géographique pour son enfant. La possibilité de choisir son école ne changerait donc pas cette réalité », d’arguer M. Houle.
Il ajoute que pour certains parents dont la proximité géographique n'a pas d'importance, la commission scolaire coordonne et permet une offre de programmes particuliers qui élargit déjà les opportunités. Au secondaire, le choix d'école est presque devenu la norme grâce à l'offre coordonnée et diversifiée de programmes particuliers.
« À cet égard, la commission scolaire devient un coordonnateur important et essentiel dans l'élargissement de l'offre de services sur tout le territoire. D’ailleurs, la commission scolaire n'empêche aucunement les écoles de prendre un couleur particulière. On n’a qu’à penser à l'école du Sentier, qui a bâti un programme d'éducation internationale et qui bénéficie de la latitude voulue pour trouver du financement externe », de renchérir M. Houle.
Le leadership pédagogique : indispensable
Quant à la prétention que les écoles pourraient s'occuper des différentes tâches conférées aux commissions scolaires, le président émet des doutes. « Certes, chaque direction d'établissement pourrait, par exemple, faire ses appels d'offres pour la rénovation de son école. Toutefois, le directeur ou la directrice qui ajouterait ces tâches à sa charge devrait délaisser sa fonction de leader pédagogique dans l'école. Or la recherche en éducation est claire: un des facteurs de réussite est justement le leadership pédagogique des directions d'écoles », affirme M. Houle.
Ce dernier craint par ailleurs que le modèle proposé par l’IEDM fasse monter en flèche les frais dit « administratifs ». L’expérience du privé tend à le démontrer, selon lui. « En contrepartie, ces frais sont de seulement 4,5% pour les commissions scolaires, ce qui inclut les salaires des directions d'établissement et leur personnel », de dire M. Houle.
D’autre part, l’IEDM est d’avis qu'il faudrait que les écoles puissent faire des choix pédagogiques. Ici, M. Houle s’interroge sérieusement sur la lecture que fait l’IEDM de la Loi sur l'Instruction publique. « Il y est pourtant clairement établi que l'établissement scolaire choisit son propre matériel pédagogique et propose sa propre grille-horaire », clame M. Houle.
Choix du personnel : oui, mais…
Selon l’IEDM, les écoles devraient avoir le choix de leur propre personnel, ce que la commission scolaire ne permettrait pas. Monsieur Houle rétorque qu’à cet égard, il faut plutôt regarder du côté des conventions de travail. « Nous ne demanderions pas mieux que de pouvoir affecter nos ressources totalement en fonction des milieux, mais les règles nationales des conventions collectives nous en empêchent », dit-il.
Il précise que les postes de techniciens en éducation spécialisée, d'interprètes et autres préposés aux élèves handicapés sont attribués en fonction des difficultés particulières de l'élève, où qu'il se trouve. Des initiatives de centralisation de services, comme celui de l'orthophonie à la Commission scolaire des Chênes, et les résultats positifs obtenus à ce jour contredisent les prétentions de l’IEDM.
Enfin, M. Houle réfute l’affirmation de l’IEDM selon laquelle des pouvoirs accrus aux conseils d'établissement vont raffermir l’implication de la société civile. Aux dires de l’IEDM, 40 % des élus scolaires le sont par acclamation et les candidats ne se bousculent pas aux portes.
Il y a environ 2 200 écoles dans le réseau public au Québec. Faites l’exercice : désignez cinq administrateurs-parents par école et vous aurez besoin, demain matin, de 10 800 personnes compétentes pour occuper des postes d'administrateurs pour gérer des fonds publics. C’est difficilement concevable. Si, comme semble le prétendre l’IEDM, on peine à trouver 800 élus, imaginez 10 800…», conclut le président.