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Budget « équilibré » 2015-2016 de la Commission scolaire des Chênes


C’est avec déception et inquiétude, mais tout de même avec le sentiment véritable d’avoir fait les meilleurs choix dans les circonstances, que le conseil des commissaires de la Commission scolaire des Chênes a procédé, lors de sa séance ordinaire du 30 juin 2015, à l’adoption du budget 2015-2016 de la commission scolaire.

Dans le discours qu’il a prononcé à cette occasion, le président de la commission scolaire, M. Jean-François Houle, a affirmé d’entrée de jeu que la préparation du budget a été un exercice difficile auquel le conseil a consacré de nombreuses heures.  En fait, rarement dans le passé le conseil a tenu autant de rencontres autour de la préparation du budget.

Valse-hésitation de Québec

Monsieur Houle a rappelé que l’exercice a été quelque peu périlleux. « Non seulement devions-nous considérer l’effort à fournir pour absorber la compression de 1,6 million $, en plus du surplus de 711 000 $ utilisé en 2014-2015 pour équilibrer le budget (portant ainsi les compressions à réaliser à 2,3 millions $), mais encore fallait-il composer avec la valse-hésitation du gouvernement du Québec. Celle-ci a été ressentie tant dans l’élaboration que dans la communication des paramètres de financement : retards, rumeurs, changements, termes flous laissant place à des interprétations contradictoires, etc. Bref, tout pour semer la controverse, provoquer la division et faire perdre du temps au personnel cadre », déplore le président.

Notons que le budget 2015-2016 a été adopté  après quatre (4) années de compressions ayant eu un impact financier total de 7 millions $ jusqu’ici à la Commission scolaire des Chênes, représentant plus de 8% de ses ressources financières, si on exclut les ressources enseignantes.

La pertinence de l’élu scolaire

Dans son discours sur le budget, M. Houle n’a pas manqué de souligner qu’au cours des derniers mois, plusieurs ont noté l’intention du gouvernement de procéder à l’abolition des élus scolaires et de remplacer les conseils de commissaires « élus »  par des conseils d’administration, dont les membres seraient nommés par différents groupes, tels : les parents, les directions d’établissement, le personnel, les élus municipaux et autres représentants socioéconomiques.

« Au cours des travaux que nous avons menés dans les derniers mois, il nous est apparu encore plus pertinent que les décisions soient prises par un groupe d’administrateurs totalement indépendants, qui tiennent leur mandat de la population. Le processus a démontré de façon nette qu’un conseil d’administration formé de représentants de divers groupes (comme le ministre Blais semble le proposer) serait le théâtre d’un triste exercice de « tirage de couverte », une situation qui apparait nécessairement quand il n’y a plus d’argent ou de place pour tout le monde », d’analyser M. Houle.

Règles budgétaires tardives… choix « imposés »

Connues tardivement, les règles budgétaires 2015-2016 imposent certains choix budgétaires incontournables associés à une reddition de comptes.  Il s’agit de l’allocation des livres de fiction et de documentaires, l’aide individualisée, la prévention et la lutte à l’intimidation et à la violence, de même que la sensibilisation à l’entrepreneuriat (335 000$).

Les règles budgétaires ont confirmé un effort additionnel pour l’année scolaire 2015-2016  (812 000$) en plus de réduire de 25% certaines allocations.  On pense ici aux subventions dédiées à la formation de l’école 2.0, au récit, à l’engagement de bibliothécaires, aux cours à domicile et aux animateurs de vie spirituelle et d’engagement communautaire (150 000$).

Les services de garde vivront aussi des compressions si les règles budgétaires sont adoptées telles que déposées en consultation. Le tarif des jours de classe passera à 8 $ par enfant, réduisant d’autant les subventions reçues pour l’organisation de ces services. Quant aux journées pédagogiques, la subvention reçue sera réduite de moitié et devra être assumée par le parent (250 000 $).

Il est important de noter que les dépenses non salariales de fonctionnement n’ont pas été indexées depuis quatre ans.

En mode « écoute », malgré tout

Jean-François Houle a par ailleurs rappelé que le conseil qu’il préside ne pourra obéir à tous les groupes qui ont fait des représentations, mais très certainement, il a permis à certains de ceux-ci de prendre part aux discussions entourant les choix à faire. « Nous avons entendu, notamment, des représentants des directions d’établissement et des cadres de service. Nous avons aussi tenu compte des avis des syndicats dans le processus. Ces éclairages auront été fort utiles, au bout du compte, » affirme le président.

Selon ce dernier, les choix budgétaires sont toujours controversés. Choisir c’est nécessairement décider de prioriser. C’est un exercice qui, par définition, fait des « laissés pour compte ».  

« Ceci étant dit, l’exercice fut réalisé de façon impartiale et exhaustive, en retournant toutes les pierres et en priorisant l’élève qu’il soit jeune ou adulte, dans un contexte de grandes contraintes. Le conseil des commissaires conclut cet exercice sans lunettes roses, mais avec le sentiment véritable d’avoir fait le mieux dans les circonstances », conclut M. Houle.

LES FAITS SAILLANTS DU BUDGET 2015-2016 DE LA COMMISSION SCOLAIRE DES CHÊNES  

-Budget équilibré prévoyant des dépenses totales au montant de 146,4 millions $.

-Aucune utilisation des surplus accumulés pour boucler ce budget, en ce que les règles gouvernementales ne permettaient pas de savoir à très court terme si la commission scolaire allait avoir la permission de s’en servir et à quelle hauteur. De plus, l’utilisation des surplus ne ferait que retarder des décisions difficiles à plus tard.

-Aucun poste fournissant des services directs à l’élève n’a été retranché. Toutefois, le soutien aux enseignants sera un peu diminué, notamment relativement aux conseillers pédagogiques en informatique et en formation professionnelle.

-Refonte de l’organigramme de sorte que globalement, il y aura une très faible augmentation au niveau des postes de directions d’établissement et de centre.

- Le centre administratif sera à nouveau touché par la purge de huit (8) postes. Les détenteurs de ces postes ne seront pas tous au chômage, dans la mesure où cinq (5) d’entre eux sont relocalisés dans les établissements et les centres pour combler des postes laissés vacants à l’occasion de retraites ou pour déplacer des employés ne jouissant pas de sécurité d’emploi.

-Le régime minceur entrepris depuis quatre ans (45 postes en moins) rend l’organisation vulnérable.  Des cadres se retrouvent avec de multiples dossiers. Les services à rendre aux écoles ne diminuent pas, les redditions de comptes à produire au ministère de l’Éducation ou au Conseil du trésor demeurent importantes, sinon plus importantes vu la Loi sur gel des effectifs. Il suffira d’un employé malade à long terme dans une unité administrative pour mettre en péril les services ou rapports qui doivent être rendus. Rappelons que les dépenses dites « administratives » à la Commission scolaire des Chênes, n’atteignent pas 4,1% du budget total.  

-L’accompagnement des directions d’établissement sera diminué, étant donné l’abolition d’un poste qui en avait principalement la responsabilité.

-Des ententes d’échanges de ressources avec la Commission scolaire de la Riveraine, viendront palier à des manques, de part et d’autre, mais il s’agit d’un modus operandi aux contours encore inconnus et dont le modèle est à bâtir.

-Diminution du financement accordé par Québec au chapitre de l’amélioration générale des bâtiments. La commission scolaire perd près d’un million de dollars sur une enveloppe qui oscillait autour de 1,4 million $.  Le gouvernement a considéré que les bâtiments de la commission scolaire étaient parmi ceux qui accusaient le moins de déficit d’entretien.  Cette bonne performance donc reconnue d’une drôle de façon !

-La commission scolaire n’a pas augmenté le taux de la taxe cette année.  Toutefois, elle a finalisé un processus entrepris depuis deux ans, ayant pour but d’unifier les taux de taxe partout sur le territoire de la MRC. Ceci signifie que les citoyens de certaines municipalités connaîtront des hausses de taux, alors que ceux d’autres municipalités pourraient théoriquement constater une légère baisse du taux.  Naturellement, la commission scolaire n’a aucun pouvoir sur les rôles d’évaluation eux-mêmes.  Seuls les citoyens des municipalités de Saint-Lucien et de Lefebvre jouiront d’un statut particulier pour tenir compte, ne serait-ce que symboliquement, que le bâtiment abritant l’école de leur village leur appartient et entraîne des frais d’entretien.